Interview de Bruno Franc : la qualité de l’air, un enjeu vital au cœur de nos villes
À propos de notre invité : Bruno Franc et le CPIE APIEU
Bruno Franc dirige l’APIEU (Atelier Permanent d’Initiation à l’Environnement Urbain), une association fondée en 1984 avec le soutien du ministère de l’Environnement et des villes de Montpellier et Mèze. Labellisé CPIE (Centre Permanent d’Initiatives à l’Environnement) depuis 1990, l’APIEU est devenu en 2010 le CPIE APIEU – Territoires de Montpellier.
La mission principale de l’APIEU est l’éducation à l’environnement. Ils accompagnent les changements de comportements en proposant un nouveau regard sur la ville. Leur objectif est de nous aider à mieux comprendre son fonctionnement, ses interrelations, ses réseaux, ainsi que son habitat et son architecture, le tout dans le respect des individus et de l’environnement.

Pourriez-vous présenter votre association ?
L’APIEU, c’est un projet pour un territoire plus responsable et interconnecté, en phase avec le contexte environnemental et les citoyens…
Au quotidien une douzaine de professionnels, animateur.ices, formateur.ices mettent en œuvre des projets avec des publics variés pour faire avancer les questionnements et les pratiques sur des thématiques variées, allant des déchets au cycle de l’eau, en passant par les jardins, les mobilités, la biodiversité, l’alimentation, la sobriété numérique ou les perturbateurs endocriniens
En tant que CPIE, votre mission est l’éducation à l’environnement. Quelles sont vos actions sur les thématiques de mobilité et qualité de l’air ?
Dans le domaine de la mobilité le CPIE travaille depuis longtemps sur la mobilité autour des écoles, avec les carapattes et les Plans de Déplacement Etablissement Scolaire. Le CPIE a pu accompagner des dynamiques participatives sur les mobilités comme l’animation d’une Commission Participative des Mobilités pour la commune de Prades le Lez, permettant de travailler collectivement sur des chantiers opérationnels.
Plus spécifiquement sur la question de la qualité de l’air, l’APIEU travaille depuis longtemps sur cette thématique qui croise environnement, santé publique, et comportements au quotidien, avec des sorties pour échanger sur ces questions, des animations pour le compte d’Atmo Occitanie ou de Montpellier Méditerranée Métropole, et des stands de sensibilisation.
Le CPIE APIEU accompagne aussi des groupes dans leur réflexion sur la qualité de l’Air, avec la création de capteurs connectés mesurant les poussières atmosphériques et des démarches participatives de progrès.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez lors de vos sensibilisations ?
Le principal défi est la capacité des publics à agir au quotidien, et à ne pas être uniquement dans l’information, sans marge de manœuvre. La qualité de l’air croise par ailleurs des questions sociales, et les ZFE ont été un excellent exemple des polémiques potentielles.
La pollution de l’air est une problématique complexe, souvent invisible. Au-delà des transports, quels sont les autres contributeurs majeurs à la mauvaise qualité de l’air que vous identifiez dans la région de Montpellier, et comment l’APIEU aborde-t-il ces différentes sources ?
La question des pollens, mais aussi des pesticides est aussi une entrée intéressante à aborder avec les publics. Il est par ailleurs important de sensibiliser nos publics à la question de l’air intérieur, souvent ignorée ou minimisée. Des interventions axées sur les questions de santé environnementale permettent d’intégrer ces enjeux.
L’amélioration de la qualité de l’air nécessite une action collective. Selon vous, quels sont les leviers les plus efficaces pour inciter les citoyens, les collectivités et les entreprises à agir concrètement en faveur d’un air plus sain ? Le CPIE APIEU met-il en place des initiatives spécifiques à destination de ces différents acteurs ?
Le CPIE accompagne des actions autour des écoles qui permettent de mobiliser l’ensemble de la communauté éducative. Le CPIE a par ailleurs obtenu des financements de l’ADEME qui permettront d’accompagner des groupes dans leur relation à l’air, en travaillant sur les questions de mobilité dans une démarche de progrès, mais aussi sur la question d’air intérieur, en rendant les groupes acteurs de leur dynamiques. L’important est aussi d’insister sur les aspects positifs (santé, convivialité, cadre de vie) autant que sur les impacts négatifs d’une mauvaise qualité de l’air.
L’OMS et l’ADEME soulignent les chiffres alarmants concernant les décès liés à la pollution de l’air. Comment ces données, souvent abstraites, peuvent-elles être rendues plus concrètes et impactantes pour le grand public, afin de susciter une prise de conscience et une action ?
Les chiffres sont alarmants, et peu concrets. Pour l’APIEU, il ne s’agit pas de faire peur aux personnes avec des chiffres, mais de faire prendre conscience que notre santé est un capital, que l’on peut améliorer ou contraindre, et que chacun a de la marge de manœuvre et de pouvoir d’agir.
Si vous aviez un message clé à faire passer aux lecteurs et lectrices de notre newsletter concernant l’importance de la qualité de l’air, quel serait-il ? Et quelle est, selon vous, l’action la plus simple et la plus efficace que chacun d’entre nous pourrait mettre en place dès demain pour contribuer à améliorer la situation de l’air que nous respirons ?
L’importance de se poser des questions en ayant la sobriété comme grille d’analyse, et sans culpabiliser, en ayant une approche critique et complexe : parfois se déplacer apporte beaucoup, et le non-déplacement (la visio par exemple) n’est pas exempt d’impacts.